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Cet article avait été proposé en 1999 au magazine municipal de Villeurbanne VIVA, mais il n'avait pas été publié. Comme il donne quelques informations sur Gratte-sel, son fonctionnement, et les opinions de quelques personnes interrogées, il est ici mis en ligne avec des informations réactualisées.
Des échanges sur un mode convivial
L'association Gratte-sel a été créée en 1997. Depuis sa création, cette association permet des rencontres pour échanger des compétences, rendre des services, troquer des objets. L'argent en est absent. C'est un système de bons qui permet aux adhérents de comptabiliser les heures qu'ils ont passées à rendre un service à d'autres, ou le temps passé à recevoir de l'aide.
Le S.E.L., ou Système d'Echange Local, est né en France en 1995. Le nombre d'associations bâties sur ce modèle s'est vu porter à 330 en 98, les sels comprenant de 30 à 400 personnes, pour une moyenne de 80 adhérents( chiffres de 1999). Ces associations 1901 ont pour but l'entraide, la rencontre de personnes aux compétences diverses, aux personnalités variées. Villeurbanne a pu accueillir au Palais du Travail, au Centre Culturel et de la Vie Associative, et récemment au Centre Familial de la Ferrandière son SEL local, qui a pris le nom de Gratte-sel, en hommage à la vie villeurbannaise.
Le premier lundi de chaque mois (sauf jour férié et vacances scolaires), de 19h à 20h, a lieu une permanence d'accueil qui permet à toute personne intéressée de venir se renseigner et/ou adhérer à l'association. Parfois des points particuliers de fonctionnement peuvent être traités en réunion de bureau, où tout adhérent peut participer .
Des compétences variées
Qui ne s'est pas retrouvé avec un joint de robinet dans une main, un mode d'emploi dans l'autre, et une énorme flaque d'eau à ses pieds ? Il suffit d'examiner les offres du catalogue, et d'appeler un bricoleur. En échange, un bon est signé, indiquant la valeur de l'échange proportionelle au temps passé à la réparation. Ce même bricoleur a besoin qu'on lui garde son enfant, et fera appel aux personnes qui en font l'offre. Cours d'anglais, rattrapage scolaire, repassage, déménagement, massage, lavage de carreaux, légumes bio, couture, informatique, cuisine, courses en cas de difficultés de déplacement, transport … Les offres sont infinies, chacun découvre ses capacités, ses possibilités et beaucoup ne demandent pas d'exigence particulière .
Le troc concerne des objets dont on n'a plus besoin, des vêtements trop petits, des boutures de plantes ou de la vaisselle qui dort dans un placard. Des objets souvent sans grande valeur commerciale, mais qui rendent service à d'autres. Ce que certains considérent comme des déchets peut faire le bonheur d'un autre adhérent (exemple: des pots en verre vides, des coquilles de fruits secs...)Des objets plus encombrants peuvent aussi donner lieu à des échanges (cuisinière, commode, étagères sont des objets qui se sont déjà échangés au sein de Gratte sel) La valeur de l'échange est fixée entre deux adhérents, avec une base de négociation de l'heure de 60 rizes, l'unité employée.
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"Que vous fassiez de l'informatique ou vous laviez des vitres, le temps passé a la même valeur. Personne ne se sent supérieur à un autre s'il a des diplômes ou une expérience professionnelle de plusieurs années. Ce n'est pas un employé qui vient travailler chez vous, c'est un être humain qui vous rend un service", déclare un adhérent. |
"J'étais nouveau à Villeurbanne, avec la perspective de transporter mes meubles tout seul. A la première réunion, trois personnes s'offraient à m'aider", ajoute un autre. |
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Un enrichissement permanent
"J'ai appris à connaître mes valeurs, à fixer des échanges à leur juste prix, et j'ai découvert que je pouvais faire une foule de choses utiles que d'autres n'avaient pas le temps de faire", annonce une troisième. Sans monnaie, c'est en effet au niveau humain que se situe la richesse d'un membre du sel. Un plafond de rizes a été fixé à 5000 unités et en débit à 2 000 unités , l'idée n'étant pas de capitaliser sans dépenser, ni d'utiliser les biens ou services proposés sans échanger en retour.
Le cumul de rizes permet à certains d'utiliser "la route des SELs", et de partir en nuitées vers d'autres sélistes en France.
Les "goûters", tenus le deuxième samedi du mois,de 15h30 à 18h, permettent aux membres de Gratte-sel de se rencontrer, de se connaître , de faire découvrir aux uns et aux autres leurs compétences. "Bien souvent des liens se créent, et l'on arrive à ne plus comptabiliser des échanges", entend-on souvent. Mais est-ce que ce ne serait pas le déclin de l'association ? Le but du SEL n'est pas de remplacer un système économique existant, mais d'amener des gens à se connaître, et à vivre en un réseau de respect d'autrui et de convivialité.
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